- EXTRÊME-ORIENT (préhistoire et archéologie) - Vietnam
- EXTRÊME-ORIENT (préhistoire et archéologie) - VietnamL’un des points clés de la politique en Asie depuis les débuts de son histoire, le Vietnam doit à sa situation géographique exceptionnelle, aux portes méridionales de la Chine et à celles de l’«Inde de l’extérieur», sa richesse archéologique et culturelle. Le Vietnam actuel, partie de l’Asie du Sud-Est, longuement fécondé par la civilisation chinoise, bien que la colonisation elle-même ait été mal acceptée et combattue, riche de ses contradictions mêmes, recherche avec passion les origines de son histoire et consacre de gros efforts à l’archéologie préhistorique et protohistorique, c’est-à-dire à tout ce qui précède la conquête par la Chine, en 111 avant J.-C., des régions situées entre l’actuelle Guangzhou (Canton) et la province vietnamienne de Thanh Hoa.À la période coloniale, les fouilles archéologiques ne sont pas toujours conduites avec des méthodes rigoureuses, des sites entiers sont parfois bouleversés par des prospecteurs plus soucieux de collecter des objets que de connaître le contexte général et des pièces importantes se voient dispersées dans des collections privées, sans mention de leur origine précise. L’interprétation des fouilles reste marquée par le caractère limité du matériel accessible et par la référence trop fréquente à la Chine dont seules les cultures septentrionales sont réellement connues à l’époque. Néanmoins, ces fouilles permettent la découverte de séquences entières de la préhistoire et de la protohistoire du Vietnam.Libérée de certains préjugés, héritière des travaux de chercheurs comme Patte, Colani, Mansuy, Parmentier, Goloubew, Jansé ou Bezacier, pour n’en citer que quelques-uns, bien qu’elle ait intéressé des savants étrangers comme les Soviétiques Boriskovsky ou Semenov ou les Allemands de l’Est Quitta et Kohl, l’archéologie du Vietnam est aujourd’hui entièrement entre les mains des archéologues de ce pays. Née en 1945 avec la création de l’Institut d’archéologie, elle apparaît actuellement comme l’un des champs les plus vivants des sciences humaines en même temps que l’un des domaines privilégiés de l’affirmation de l’identité nationale.Les fouilles importantes se déroulent sous la direction de l’Institut d’archéologie, du musée d’Histoire du Vietnam ou de l’université de Hanoi. Les datations au carbone 14 des échantillons prélevés sur les sites vietnamiens sont effectuées par des laboratoires chinois ou allemands. Les publications, livres ou articles paraissant dans la revue spécialisée Khao cô hoc , témoignent de l’activité sur le terrain et de l’intérêt des chercheurs pour les travaux en cours dans les pays voisins. Malheureusement, les résultats des fouilles et les réflexions qu’ils suscitent restent le plus souvent inaccessibles au public occidental.Le PaléolithiqueDécouverte en 1960, la station du mont Do, dans la province du Thanh Hoa, a été fouillée en 1968. Ce site, campement-atelier en plein air, a fourni un riche matériel lithique (un millier de pièces) d’éclats clactoniens en diabase, de nombreux bifaces et quasi-bifaces, des choppers et des chopping-tools . Cette station reste la plus ancienne du Paléolithique vietnamien; aucune couche culturelle, aucun vestige de faune ou de flore ne permet de la dater par des méthodes physiques; les outils, d’un type acheuléen inférieur, semblent, par comparaison, appartenir au Pléistocène moyen (500 000 ans). Quelques fragments d’os humains ont été découverts dans différentes provinces; ainsi les dents de Thâm Khuyên, provenant d’un Homo erectus , remontent à l’interglaciaire Mindel-Riss; une dent de sagesse supérieure trouvée dans le Hoang Liên Son date du Pléistocène supérieur (interglaciaire Riss-Wurm) et appartiendrait à un Homo sapiens . En 1975 un site de la côte du Nghê Tinh (Centre-Vietnam) offrait aux chercheurs plus de deux cents pièces fossiles, proches de la faune du Thâm Khuyên, parmi lesquelles un fossile humain, soit l’un des premiers sapiens , soit un Homo erectus évolué.Le Paléolithique supérieur est illustré par la culture de Son Vi, connue par une centaine de stations dans la «moyenne région». En 1968 était découvert dans le Vinh Phu et le Ha Son Binh, sur les rives du fleuve Rouge, un riche outillage lithique, fabriqué à partir de galets de rivière, constituant la plus ancienne industrie sur galets actuellement connue dans le pays. Alors qu’une culture de la fin du Paléolithique, le Hoabinhien, sera caractérisée par ses galets taillés sur une seule face et conservant le cortex sur l’autre (sumatralithes) et par ses haches courtes, ces types n’apparaissent pas dans l’outillage sonvien. Celui-ci, moins évolué que le Hoabinhien, lui est antérieur, ce que confirment des découvertes effectuées dans le nord-ouest du pays, fouillé depuis 1973, et, plus au sud, dans le Ha Bac et le Thanh Hoa.Les datations au radiocarbone donnent pour les sites de Pông I et Pông II près de Son La, caractérisés par des choppers et des racloirs sonviens mais où apparaissent des outils typiques du Hoabinhien, 119156 size=1梁 125 B.P. (before present ) et 11338 size=1梁 180 B.P. Par ailleurs la couche sonvienne de la grotte de Con Moong dans la forêt de Cuc Phuong (province de Ninh Binh), qui présente une stratigraphie particulièrement nette, sonvien-hoabinhien-bacsonien, est datée par la même méthode 11090 size=1梁 185 B.P.: il s’agirait là d’une couche du Sonvien final. D’autres datations au carbone 14 des sites de Ong Quyên (Thanh Hoa) et Nui Mot –18390 size=1梁 125 B.P. et 16125 size=1梁 100 B.P. – montrent l’ancienneté de la culture de Son Vi.Mise en évidence par M. Colani à la fin des années 1920, la culture mésolithique de Hoa Binh, vraisemblablement issue du Sonvien, est née dans une région calcaire où l’érosion a creusé de nombreuses grottes, grottes propices à l’installation humaine. Elle est caractérisée par son industrie sur galets, les ruisseaux voisins fournissant la matière première. C’est dans les couches de coquilles de mollusques, de détritus de cuisine que l’on retrouve, d’une part, des outils en pierre taillée suivant une seule direction, à tranchant court ou long, dont les deux faces conservent le cortex, et, d’autre part, les fameux sumatralithes évoqués plus haut. Elliptiques, amygdaloïdes ou discoïdes, les sumatralithes, dont tout le bord est tranchant, peuvent être retouchés. Ils ont pu être utilisés aussi bien pour couper ou trancher que pour racler. L’autre outil caractéristique de la culture haobinhienne, la hache courte, est un galet également travaillé sur une seule face, dont la hauteur (distance entre le tranchant et le talon) est plus courte que la largeur. Parallèlement, d’autres outils de sites hoabinhiens présentent un tranchant poli sur les deux faces; ils annoncent la culture bacsonienne postérieure. En outre, des galets non travaillés ont été utilisés comme pilon ou comme mortier. Enfin, des pierres à cupules, de grande dimension, restent énigmatiques. Le préhistorien Ha van Tân a remarqué qu’elles présentaient des traces peut-être laissées par un instrument du type foret ou poinçon. Des dents de carnassiers perforées, des coquilles marines constituaient la parure des Hoabinhiens. On ne retrouve pas trace de céramique dans leur culture. Les sépultures renferment des morts décharnés et non accompagnés de mobilier lithique, ou bien des morts dont les squelettes saupoudrés d’ocre, inhumés en position fléchie, étaient accompagnés de mobilier lithique et entourés de blocs de pierre.La quinzaine de sites hoabinhiens fouillés, dans les provinces de Ha Son Binh, Son La, Ha Nam Binh, Nghê Tinh, Lai Châu, a fourni des échantillons susceptibles d’être datés par le carbone 14 entre 9000 et 8000 avant J.-C. pour les plus anciens et aux alentours de 5000 avant J.-C. pour les plus récents.Le NéolithiqueConsidérée par les archéologues vietnamiens comme appartenant au Néolithique inférieur, la culture de Bac Son (Bac Thai) a été mise en évidence par Mansuy dès 1906. Dans la tradition de l’industrie sur galets, cette culture se caractérise par un plus grand nombre d’outils au tranchant poli, alors même que perdure une taille grossière. La céramique, inexistante ou rare dans bien des cavernes ou des abris–sous–roche bacsoniens, apparaît en assez grande quantité dans la station de plein air de Da But, découverte par Patte dans les années 1930 et fouillée plusieurs fois jusqu’en 1971. Il s’agit d’une céramique au panier, en argile grise, essentiellement de vases à fond rond, à bord droit ou faiblement évasé. Des coquilles du kjökkenmödding de Da But sont datées 6095 size=1梁 60 B.P.En fait la situation du Néolithique est très complexe, car chaque site constitue un faciès local d’un ensemble plus large, dont il se différencie suffisamment pour que se justifie l’emploi de son nom pour distinguer une culture. Les principales, actuellement connues, sont à rechercher dans le nord et dans le centre du pays.Au nord du Nghê Tinh, le site de Quynh Van, pour lequel on possède deux datations au carbone 14, 4780 size=1梁 100 B.P. et 4730 size=1梁 100 B.P., a livré de nombreuses coquilles marines dont le ramassage devait fournir une bonne part de l’alimentation de ses habitants, et trente et une sépultures, où, comme à Da But, le mort était inhumé en position accroupie. L’outillage lithique perpétue la tradition bacsonienne et la céramique, grossière, utilise une argile rouge sombre ornée de motifs incisés, le plus souvent des spirales.La culture de Bau Tro (le site éponyme se trouve dans le Binh Tri Thiên), bien représentée dans le Nghê Tinh, montre une longue évolution culturelle. La première phase est caractérisée par une céramique grossière à fond pointu, montée à la main, décorée au peigne ou à la batte, et un outillage taillé; la deuxième voit s’accroître le nombre des outils polis et des vases en céramique à fond rond apparus dans les dernières couches de la première phase. La meule et le pilon sont attestés, et la poterie, montée au tour, se couvre d’un décor de cordelettes. Dans la phase récente se répand la céramique incisée et celle qui est peinte à l’ocre, ainsi que les haches à épaulement et tranchant très large bien polies, semblables à celles de Chine du Sud-Est. Agriculteurs sédentaires du littoral du Nghê Tinh, les tenants de la culture de Bau Tro ont peut-être entretenu des relations avec ceux de la culture de Quynh Van.Le nord-est du pays connaît au Néolithique, dans les îles de la baie de Ha Long et de la région de Haiphong, une culture dont les outils typiques sont l’herminette à gradin et la hache épaulée, toutes deux présentes en Chine du Sud. Le site de Cai Beo dans l’île de Cat Ba, près de Haiphong, a fourni un outillage lithique de tradition hoabinhienne, proche de Da But; la céramique, grossière à Cat Beo I, s’affine et se couvre de motifs incisés ou de cordelettes à Cat Beo II, dont la couche inférieure est datée 5645 size=1梁 115 B.P.; à Cat Beo III, les haches épaulées et les herminettes à gradin sont les mêmes qu’à Ha Long.Le littoral du Thanh Hoa présente une culture particulièrement intéressante, celle de Hoa Lôc, dont deux sites ont été fouillés de 1974 à 1976. Sa céramique, abondante, inconnue jusqu’alors au Vietnam, se caractérise par la richesse de ses formes, la perfection du façonnage, un décor varié, souvent obtenu par l’impression sur la pâte molle de la coquille d’un cardium. De nombreux tampons en terre cuite portant des motifs géométriques fort divers, très rares dans les autres sites néolithiques, ont été mis au jour. Ils ont peut-être servi à imprimer des tissus ou même la peau des ancêtres des Vietnamiens, car ils ne correspondent pas au décor des céramiques. Les outils (haches quadrangulaires, pédiformes, avec ou sans épaulement, grande houe) sont ceux d’agriculteurs, peut-être riziculteurs, qui pratiquent la chasse et la pêche, consomment du chien, du porc et du bœuf en même temps que la chair des animaux sauvages. La culture de Hoa Lôc appartient au Néolithique supérieur (vers 1500 ou 1400 av. J.-C.) et semble issue de la tradition hoabinho-bacsonienne.L’âge du bronzeLes différents bassins fluviaux ont connu parallèlement de brillantes cultures dont les sites archéologiques demeurent les témoins, difficiles à situer dans le temps sans le recours aux méthodes physiques de datation, et difficiles à situer les uns par rapport aux autres. La complexité ethnique de la Chine du Sud et de l’Indochine, habitées de nos jours encore par certains peuples sans écriture, donne une idée de ce qu’a pu être une semblable mosaïque culturelle sur une faible étendue géographique à l’époque protohistorique.Certains auteurs datent du bronze ancien la civilisation qui s’est développée à la fin du IIIe et au début du IIe millénaire dans la «moyenne région» et le bassin du fleuve Rouge, la civilisation de Phung Nguyên, attribuée par d’autres au Néolithique. Les sites fouillés dans le Vinh Phu, le Ha Bac, le Ha Son Binh et près de Hanoi ont livré des outils en pierre polie, des bijoux en néphrite et une céramique montée au tour. Les trois phases de Phung Nguyên sont caractérisées par leur céramique, d’abord ornée de bandes remplies d’impressions de fines cordelettes ou de pointillés obtenus à la roulette dentée, puis à décor de pointillés serrés et au peigne, de spirales et de motifs héliomorphes. Enfin les pointillés se font moins abondants et sont remplacés par des lignes incisées, droites ou ondulées. La couche inférieure d’un site de la région de Haiphong, datée 1380 size=1梁 100 avant J.-C., 1455 size=1梁 100 avant J.-C., a livré des grains de riz carbonisés dans l’argile des foyers, des céramiques, des débris de bronze et des scories, ainsi qu’un outillage lithique proche de celui de Ha Long et de Hoa Lôc.Le bronze moyen est illustré par la civilisation de Dông Dâu, du XIVe au XIIe siècle avant J.-C., dont la céramique bien cuite est décorée au peigne de motifs curvilignes ou géométriques. Parallèlement au bronze (soit 20,3 p. 100 des objets dans la couche centrale de Dông Dâu – hameçons, haches, pointes de flèches et moules) perdure un outillage lithique. Un site de cette culture a fait l’objet d’une datation au carbone 14: 1120 size=1梁 100 avant J.-C.C’est avec Go Mun au XIe siècle avant J.-C. qu’apparaîtrait le bronze final, caractérisé par une céramique aux bords évasés et un mobilier métallique varié, de haches (pédiformes à tranchant asymétrique, typiques du Nord-Vietnam et de la Chine du Sud), de pointes de flèches, de lances, d’aiguilles et de bracelets. De là naîtra la civilisation dôngsonienne aux VIIIe et VIIe siècles avant J.-C. Le Dông Dâu et le Go Mun occupant la même aire géographique que le Phung Nguyên, on tend à voir dans le dôngsonien un héritier du Phung Nguyên et dans les Lac Viêt dôngsoniens les descendants des Phungnguyêniens, dont l’origine reste à déterminer.L’âge du ferL’âge du fer commencerait au début du VIIe siècle avant J.-C. avec la civilisation de Dông Son (Thanh Hoa), où les bronzes, très minces, sont abondants (70,7 p. 100 des objets de la couche dôngsonienne de Vinh Quang), très différents de ceux de Chine centrale et proches de ceux du Yunnan et du Guangxi. Les formes les plus caractéristiques restent les situles tronconiques, les haches pédiformes à tranchant asymétrique, les louches-puisettes, les poignards à manche rond ajouré, zoomorphe ou anthropomorphe, les cloches à cornes sans battant, les grelots et les fameux tambours de bronze. Dans certains sites apparaissent des objets de type chinois, couteaux à dos courbe et manche à anneau, tripodes et épée longue des Royaumes combattants. Le site éponyme montre trois phases d’évolution, illustrées également sur d’autres sites. Ainsi Thiêu Duong au Thanh Hoa appartiendrait au Dông Son I; Viêt Khê, nécropole à cercueils pirogues, fouillée en 1971 et datée entre le VIIe et le IIIe siècle avant J.-C., riche en bronzes (haches à tranchant symétrique élargi, pointes de lance à ailerons convexes arrondis et couteaux burins à tranchant oblique) au Dông Son I et II. Le Dông Son II, caractérisé par la hache pédiforme à tranchant arrondi, le poignard à pommeau saillant, les tambours du type I de Heger et les situles, est illustré par le site de Châu Can (Ha Son Binh), fouillé en 1974, où les sépultures à cercueils pirogues ont livré des vestiges d’étoffes et des bronzes à décor géométrique, par certaines tombes de Viêt Khê, et par la ville de Cô Loa, capitale du royaume des Âu Lac, fondé par An duong vuong en 258 avant J.-C. Entourée par la rivière Hoang giang et trois séries de murailles «en forme de coquilles d’escargot», la ville forte pouvait accueillir une flotte importante. Le matériel dégagé là se compose de milliers de pointes de flèches en bronze et de tessons de céramique, d’une situle et d’une statue de musicien en bronze.La nécropole de Lang Vac au Nghê Tinh, découverte et fouillée en 1972, a livré dans ses sépultures à fosses, surmontées ou entourées de pierres ou de tessons, ou à jarres, un matériel extrêmement riche (318 bronzes, 557 céramiques, 172 outils en pierre, dont des moules bivalves pour fondre le bronze). Les bronzes comprennent des haches, des poignards à poignée anthropomorphe ou zoomorphe, des situles et des tambours de grandeur normale ou miniature. Le site, pour lequel on dispose d’une datation au carbone 14 1990 size=1梁 85 B.P., représente un intéressant développement de la civilisation dôngsonienne dans des régions plus méridionales et se rattache à la troisième phase de Dông Son.Les objets en fer, assez peu nombreux, semblent avoir été d’abord forgés puis moulés.Quand, au IIIe siècle avant J.-C., la Chine conquiert le royaume de Nam Viêt (Nan Yue), unifié par un souverain «séparatiste» d’origine chinoise, régnant sur le Guangdong et le Guangxi actuels ainsi que sur une partie du Vietnam, celui-ci entre dans l’histoire comme une province de son grand voisin. Il reçoit alors des techniques qui l’intègrent à l’aire culturelle chinoise et laminent, au moins dans la plaine du Nord, la brillante civilisation autochtone.L’archéologie dans le SudLa fin de la seconde guerre d’Indochine a autorisé l’extension à la partie méridionale du pays du travail de prospection et de fouille commencé au nord depuis trente ans. La découverte de nouveaux sites, alliée à une connaissance s’améliorant sans cesse des cultures septentrionales, permet aux archéologues vietnamiens de dégager les grandes étapes de l’évolution, du Néolithique à l’âge des métaux, et de mieux situer les uns par rapport aux autres les grands foyers de civilisation, sur le territoire de l’actuel Vietnam comme dans le contexte plus large de l’Asie du Sud-Est. Bien que les couches inférieures de plusieurs sites attestent une activité paléolithique de type acheuléen [Hang Gon Dâu Giây], les problèmes de datation demeurent pour le moment irrésolus pour le Paléolithique et le début du Néolithique.Une première période, encore néolithique, d’où le métal est absent, est illustrée par le site de Câu Sat (Binh Lôc, Dông Nai) et se caractérise par un outillage lithique abondant, constitué de haches et d’herminettes à tranchant large (les trois quarts à épaulement), de couteaux-faucilles, de ciseaux et de polissoirs, par une céramique peu décorée abondante et par des anneaux en pierre de section quadrangulaire.La deuxième période est illustrée par le site de Bên Do (près de Hô Chi Minh-Ville), où les haches à épaulement restent nombreuses mais coexistent avec des haches quadrangulaires sans tenon. Elle est caractérisée par la présence fréquente de grands outils en pierre et d’anneaux-disques de section triangulaire.La troisième période, où apparaissent les premières haches en bronze et les premiers moules, voit perdurer l’outillage lithique. Les grandes pièces à épaulement disparaissent au profit des haches quadrangulaires et les anneaux à section ovale font leur apparition. Cette phase est illustrée par le site de Cu Lao Rua, exploré dès le XIXe siècle.La quatrième période, représentée par les vestiges de Dôc Chua (1195 size=1梁 130 av. J.-C.) au nord-ouest de Hô Chi Minh-Ville, semble correspondre au Bronze final. L’outillage lithique (haches, herminettes le plus souvent sans épaulement) y perdure; la céramique, abondante, n’est pas décorée. Les haches en bronze au tranchant hyperbolique et leurs moules bivalves rappellent ceux du Laos et du nord-est de la Thaïlande.La culture de Sa Huynh, caractérisée par l’inhumation en jarre, par les outils en fer, la céramique peinte et par des parures en pierre ou en verre, nous révèle l’âge du fer au sud de Dông Son. À côté des sites d’habitat fouillés dans la région, l’un des plus intéressants sites funéraires de cette culture reste celui de Tam My (Quang Nam-Da Nang), caractérisé par ses jarres, de seconde inhumation sans doute, ses céramiques, ses outils et armes en fer et ses boucles d’oreilles bicéphales que l’on retrouve ailleurs au Vietnam, en Thaïlande et jusqu’aux Philippines.Les sites du centre du Vietnam, comme Binh Châu (Nghia Binh) ou Tam My, où certains objets portent la marque de Dông Son et d’autres celle de Sa Huynh, illustrent la complexité des relations entre les différents foyers de civilisation à la période protohistorique. Ils ont probablement servi de pont entre Dông Son, Sa Huynh et le bassin du Dông Nai.En dehors du problème des échanges, une des questions les plus débattues reste celle de l’apparition de la métallurgie, dont la date semble devoir être remontée jusqu’à Phung Nguyên, même si aucun creuset ni aucun moule n’y ont encore été exhumés.L’activité archéologique demeure intense et il n’est pas douteux que les diverses séquences conduisant du Néolithique à l’âge du fer dans chaque région finiront par apparaître plus précises, éclairant ainsi notre vision d’ensemble du Vietnam protohistorique.
Encyclopédie Universelle. 2012.